Qu'est-ce qu'être français ? (Non-)Débat sur l'identité nationale...
Maître Eolas a attiré notre attention sur la nationalité française (cliquer ici) et il a fort bien fait.
L'identité semble définie de manière plus ou moins subjective, comme ce que l'on prétend ou ressent être. L'identité nationale est définie par la même Académie Française comme "conscience d'appartenir à une nation en tant que telle".
Laissons le subjectif de coté, car il ne saurait faire l'objet d'un débat (car sa subjectivité même le place en dors du champ des contradictions possibles).
A mon sens (et je peux me tromper) il nous faut vérifier aussi ce qu'est la nation : je retiens, toujours du même dictionnaire : "Communauté dont les membres sont unis par le sentiment d'une même origine, d'une même appartenance, d'une même destinée. 1. Ensemble de personnes établies sur un territoire et unies par des caractères ethniques, des traditions linguistiques, religieuses, etc. [...] 2. L'ensemble des personnes formant la population d'un État déterminé, soumises à la même autorité politique souveraine."
Inférons un peu...
Promouvoir l'identité nationale française, comme c'est demandé à M. Besson (cf §4 de sa lettre de mission), c'est donc ouvrir plusieurs champs sémantiques qui se juxtaposent peu ou prou. Un petit shéma incompréhensible (après tout c'est ma spécialité) pour embrouiller la reflexion avant de vous attirer vers mes conclusions :
En bleu, nous avons le double champ de ce qu'est être français. Il y a donc
- des français d'origine mais n'ayant pas la nationalité
- des français d'origine ayant la nationalité (ou l'inverse)
- des français ayant la nationalité mais n'étant pas d'origine.
Il y a le même type de représentation possible pour L'identité nationale (en rouge):
- avoir un sentiment d'identité, mais pas lié à la nation,
- avoir un sentiment d'identité nationale française,
- appartenir à la nation française sans en avoir pour autant un sentiment d'identité,
Combinons tout maintenant pour arriver à la notion d'identité nationale française chère à M. Besson (là ça devient fun !). On peut constater que
- la nationalité est un sous domaine de la nation (la nation recouvre toute la population sous soumise à la même autorité, donc aussi les étrangers ou apatrides),
- le sentiment d'identité est un sous ensemble de tout.
Le schéma devient alors proprement incompréhensible (je suis conforme à ma réputation acquise en 2007).
Que voulais-je faire apparaître ?
Que provoquer un débat sur l'identité nationale française, alors qu'il était demande à monsieur Besson de promouvoir l'identité nationale française, et ce sans donner les clés de décryptage en préambule dudit débat, c'est en fait promouvoir les français d'origine et de nationalité française ayant déjà un sentiment d'identité (il y a des "et" partout, ça se limite au secteur bleu ciel)) alors que la promotion demandée touchait un beaucoup plus large public (les secteurs remplis en bleu ciel et en jaune).
C'est à dire que les seules personnes qui ne devraient pas se sentir concernées sont
- les non français (ni d'origine, ni de nationalité) résidant en territoire français et administrés par l'état français
- ceux qui ont un sentiment d'identité nationale mais qui n'ont pas la nationalité et ne sont pas d'origine.
Conclusion : objectif raté, M. Besson n'arrive qu'à diviser, et non à rassembler. Mais ça on le savait déjà...
Commentaires bienvenus... ;-)
Qu'est-ce qu'être français ? Débat sur l'identité nationale...
Il n'a pas non plus cité le code civil (Livre Ier : Des personnes, Titre Ier bis : De la nationalité française) , qui définit (partiellement) la nationalité française, et c'est dommage (merci encore à Maître Eolas !). Il a néanmoins bien voulu proposer des liens vers des copies de textes "de référence" : Les symboles de la République, Les auteurs contemporains, Les auteurs classiques, Les textes constitutionnels français,Les déclarations des droits.
Fort bien. Qu'est-ce que ça m'inspire ?
Sur la forme du débat :
- Proposer un débat non sollicité en période pré-électoral n'est peut être pas le plus judicieux...
- Proposer des textes de références sans donner toutes les références ne me semble pas très propre sur le plan intellectuel...
- Ne pas respecter l'ordre "du plus important - ou général - au détail, dans les références procède du même principe
- "Oublier" d'informer de QUI est le premier à s'être déclaré français est dommage (mais c'est vrai qu'on veut supprimer l'enseignement de l'histoire)
- Je n'ai pas compris la question : Tout est mélangé, identité, république, nation, pays, littérature.
donc,
je vais déjà essayer de comprendre la question... la voici telle qu'elle est posée sur le site dédié à la chose : (les copier/coller sont en italique rouge, mes commentaires et interprétations en noir)
Les objectifs du grand débat sur l’identité nationale :
Eric BESSON, Ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire a ouvert lundi 2 novembre 2009 un grand débat sur l’identité nationale. De mes souvenirs de prof de math, il y a longtemps, j'apprenais à mes élèves à comprendre un énoncé avant de tenter de répondre à la question qu'il pose. M. Besson étant Ministre de... l'identité nationale, voyons ce qu'il y a dans sa lettre de mission sur le sujet, direction le site du Ministère... dont le nom de domaine, "immigration.gouv.fr", pourrait déjà être sujet à polémique (normalement, il devrai s'appeler, pour faire court, "iiinds.gouv.fr", mais passons).
Dans la lettre de mission (que vous pouvez consulter ici), il y a un chapitre sur le sujet. La lettre étant un peu longue, je vous copie ci dessous ce qui nous intéresse (en orange pour la citation, noir pour les commentaires) :
4. La promotion de notre identité nationale doit être placée au cœur de votre action.
Nous devons être fiers d’avoir restauré en France un discours assumé sur l’identité nationale et républicaine. Vous poursuivrez ce travail, ouvert et sans tabou, de réaffirmation de ce que signifie aujourd’hui « être Français ». Car le sentiment d’appartenance à une communauté de destin, la volonté de vivre ensemble, le partage de cette identité qui est la nôtre, avec sa culture, son histoire, sa langue, et les valeurs qui la fondent, constituent la condition d’une intégration réussie. Notons que il faut "réaffirmer ce que signifie"être français", et non débattre...
La promotion de l’identité nationale doit s’adresser aussi bien aux migrants qu’à l’ensemble des personnes qui vivent sur le territoire de la République, quelles que soient leurs origines, qu’ils soient étrangers ou français. Tous sont appelés à être des citoyens, adhérant aux droits et devoirs fondamentaux de notre pacte républicain. La citoyenneté, ce n’est pas une utopie qui rejette la nation et l’état de droit, c’est la participation et l’adhésion active aux règles qui permettent de vivre ensemble dans notre République. On trouve dès ici la confusion entre République, citoyenneté, mais, point important en gras, réaffirmation des règles. Maître Eolas n'a peut être pas tort en ne parlant que sous l'angle du droit...
En étant nous-mêmes fiers d’être français, nous facilitons l’intégration des étrangers que nous accueillons. Comment leur demander d’aimer la France si nous ne l’aimons pas nous-mêmes ? Nous devons non seulement assumer mais aussi célébrer, au regard du monde et des nouveaux migrants, la fierté d’être français.
En lien avec l’ensemble des Ministres concernés, il vous appartiendra d’engager les actions permettant de valoriser les principes de la République et les valeurs fondamentales de notre communauté nationale, en luttant contre toutes les tentations de repli identitaire ou communautariste, en renforçant la place des emblèmes et symboles de la République, de sa langue, de son drapeau, de son hymne, des valeurs contenues dans la devise « Liberté Egalité Fraternité », et de la Marianne qui les incarne, partout où cela peut s’avérer nécessaire, dans les écoles et les lieux publics, dans la vie quotidienne comme dans les grands événements de notre vie nationale. Vous prendrez part, aux côtés du ministre chargé de la Culture, à la mise en place du Musée de l’histoire de France, qui contribuera à faire vivre notre identité nationale auprès du grand public.
Notre Nation est métissée. L’immigration constitue une source d’enrichissement permanent de notre identité nationale. 100.000 étrangers acquièrent chaque année la nationalité française, soit 4,4% de la population étrangère, contre 2,2% en Espagne et 1,6% en Allemagne. Cependant, les délais de la procédure d’acquisition de la nationalité française semblent encore excessifs. La durée d’attente de la décision, favorable ou défavorable, dépasse un an dans certains départements. Vous entreprendrez les actions nécessaires afin de renforcer et de simplifier cette procédure.
La France dont nous défendons les couleurs est une France ouverte sur les autres, sur le monde, sur l’avenir. C’est une France qui évolue avec son temps. C’est une France à laquelle chaque nouvel arrivant, chaque nouveau Français apporte son histoire, les richesses de son origine, sa contribution.
L’organisation de ce débat constitue l’un des engagements souscrit par le Président de la République lors de la campagne présidentielle, repris dans la lettre de mission qu’il a adressée, avec le Premier Ministre, à Eric BESSON, le 31 mars 2009.
Comme on l'a vu plus haut dans lextrait de cette fameuse lettre de mission, il n'est pas question du moindre débat, cela n'a jamais été demandé à M. Besson. Reprenons les engagements du candidat Nicolas Sarkozy (cliquez ici pour les voir tous les 15). Le quinzième est "Fiers d'être français" (cliquer ici pour voir son suivi). Toujours pas de débat ni d'engagement sur le moindre débat.
Ce débat répond aux préoccupations soulevées par la résurgence de certains communautarismes, dont l’affaire de la Burqa est l’une des illustrations.
Alors là je couine fortement. Les Suisses n'en font pas tout un fromage, de la Burqa, et je ne vois pas ce que vient faire là une invention récente du mouvement intégriste salafiste dans les pays du Golfe et au Pakistan, utilisée par des talibans comme moyen d'oppression des femmes afghanes. Pourquoi ne pas parler de l'étui pénien des indiens du Mitaraka* (qui sont bien français, et non afghans).
Au moment même où l’Union européenne franchit une nouvelle étape de son intégration, et où la crise économique et financière internationale démontre combien la mondialisation rend l’avenir des Nations interdépendant, il a pour objectif d’associer l’ensemble de nos concitoyens à une réflexion de fond sur ce que signifie, en ce début de 21ème siècle, « être Français ».
εὕρηκα ! L'objectif de la consultation est bien ici posé ! Associer l'ensemble de nos concitoyens à une réflexion de fond sur ce que signifie... "être Français" ! Mais comme nous disposons d'une Académie Française qui s'occupe du sens des mots, il suffit de leur demander, M. Besson ! (cliquer ici pour la définition de l'Académie) : "Un Français, une Française, personne qui est originaire de France ou qui a la nationalité de ce pays."
Ce débat doit tout d’abord favoriser la construction d’une vision mieux partagée de ce qu’est l’identité nationale aujourd’hui. Il doit aussi faire émerger, à partir de propositions mises en débat par les différents participants, des actions permettant de conforter notre identité nationale, et de réaffirmer les valeurs républicaines et la fierté d’être Français.
Et voilà que ça recommence, on mélange "français" (définit plus haut par l'Académie), "identité nationale", néologisme, République, forme de gouvernements que les français utilisent actuellement après en avoir utilisé d'autres tout en restant français, et fierté d'être quelque chose, qui ressortirait plutôt de la pathologie psychologique (on n'a pas à être fier de ce qu'on est, mais plutôt de ce qu'on fait).
Le calendrier du débat :
Ce grand débat se déroulera sur trois mois, à compter du lundi 2 novembre 2009, et jusqu’au 31 janvier 2010, et se clôturera le 4 février 2010 par un colloque sur l’identité nationale, au cours duquel le Ministre présentera la synthèse des travaux.
Pas de commentaire particulier, la synthèse est déjà écrite, voir plus haut...
Donc,
Le débat n'est pas un débat, il s'agit d'une opération de publicité (propagande) et quant aux moyens à mettre en oeuvre qpour respecter la lettre de mission de M. Besson, ils sont connus depuis les "hussards noirs de la République" : celà s'appèle éducation, information, cours d'histoire etc.
Et donc,
La question de M. Besson n'appèle pas de réponse. Mais elle suscite un vrai malaise et ça c'est dommage.
Votre avis ?
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* Mitaraka : massif au sud ouest du département de Guyane française, cf Wikipedia
Faut-il sacrifier la liberté au profit de la sécurité ?
Faut-il sacrifier la liberté au profit de la sécurité ?
Nous vous attendons à L'imprévu, 35 rue Didot / Place Flora Tristan, 75014 PARIS (Métro Pernety).
Débat animé par Hypos (cliquer ici)
A propos des 1009 caméras de vidéo-surveillance que vous nous faire payer M. Delanoë...
A sa lecture, avant d'arriver à la fin qui je pense vous fera plaisir tant elle « décode » l'ensemble, me vint une succession d'idées :
les caméras vidéos vont coûter cher à installer et à maintenir en état
même le groupe de travail dédié du Ministère de l'intérieur reconnaît que, au vu des expériences passées, la vidéo- surveillance n'a d'intérêt « dissuasif » que si ... il y a assez de caméra (M. de Lapalice n'eut pas dit mieux et pour moins cher) et que si ... il y a des opérateurs pour visionner ce que captent les caméras.
Mais, 1009 caméras, ça donne 1009 images à surveiller... et les fonctionnaires chargés de le faire ne sont pas des sur-hommes. Admettons qu'après une sélection rigoureuse et une formation qui ne le soit pas moins, ils arrivent à avoir l'oeil affûté sur le double de ce qu'arrive à surveiller un agent de sécurité de parking (ce serait une belle performance), et qu'ils n'aient aucunement besoin de boire, pisser ou fumer une clope durant leurs 35 heures de travail. Si je fais un rapide calcul, 1009 caméras qui tournent 24h/24 et 7j/7, ça donne 24x7x1009 = 169512 heures à visionner toutes les semaines, soit, pour nos sur-humains, 21189 heures de travail par semaine, soit donc environ 662 fonctionnaires à temps plein, soit donc, étant donné le besoin de hiérarchie des sus-nommés (1 chef pour 10, faut pas exagérer), 662+62+6+1 = 731 personnes affectées à la vidéo-surveillance. Le coût moyen pour la collectivité (salaire+charges+formation+locaux+transport+relèves syndicales+divers = à peu près 4000 Euros/mois) serait donc de l'ordre de 731x4000 = 2924000 Euros/mois, soit (sur 13 mois parce que le travail est pénible), environ 38 millions d'Euros par an.
Un peu gros, non ?
Alors, et là je dis merci à M. Alain Damasio, cité plus haut, pourquoi pas affecter non pas 8 caméras à un fonctionnaire et garder les images secrêtes, mais lui en donner ... 101 ! et publier les images en temps réel via Internet ? Le fonctionnaire aurait devant lui ses 101 écrans (virtuels, bien entendu) + 1, dédié à la réception des messages que nos valeureux internautes ne manqueront pas de lui envoyer puisque ce sont eux qui surveilleront effectivement les caméras (message pseudo-anonymes du genre « matte la 18 » ou « p'tain t'as vu comment elle est gaulée, le meuf de la 84 », tout à fait courants dans un centre de télé-surveillance). On fait alors d'une pierre deux coups : moins de fonctionnaires dédiés au métier de voyeur, et plus de citoyens impliqués en tant que voyeurs justement, ce qui fera passer la pilule au valeureux contribuables de M. Delanoë ! 10+1 fonctionnaires, ça ne coûte que environ 572000 Euros par an, les volontaires pour mater et dénoncer ne devraient pas manquer dans un pays fier de ses 30 millions de collaborateurs il y a 66 ans.
Qu'en pensez-vous ? N'est-ce pas là un bon moyen d'adoucir la pression fiscale tout en satisfaisant ceux qui vivent à travers les autres et d'augmenter l'efficacité du processus ?
Ais-je bien compris le sens du livre « La Zone du Dehors » de M. Alain Damasio ?