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François à Paris,
le 17 juillet 2017
à
Monsieur le maire de xxx
"Si on abandonne
le jardin, il devient une forêt, et c'est bien." GillesClément, jardinier, paysagiste, botaniste, biologiste et écrivain.
J'ai bien reçu votre
courrier récent, l'AR en faisant foi. J'ai aussi reçu par internet
l'information de recherche de fuite d'eau (25 avril 2017).
Sur ce dernier point, j'ai
vérifié mon adduction, elle est fermée et sèche.
En ce qui concerne le
débroussaillage, j'ai fait le minimum permettant d'accéder aux
bâtiments (mais cela dit, ceci ne regarde que moi). J'ai constaté à
l'occasion que la seule construction de ma propriété accessible
aisément a été dépouillée de ses briques et de ses tuiles. J'en
déduis que les ronces protègent mes biens contre les prédateurs
humains mais n'empêchent pas les jets d'ordures et le pillage.
Flore
A ce propos, justement,
des ronces. Il y a au moins trois type de végétaux présents chez
moi surnommés "ronces" : des rosiers, des aubépines, des
mûriers, et... des ronces. Avez vous une allergie aux premiers,
présents chez tous les résidents ?
La flore endémique, comme
prévu depuis nombre d'années, se développe. J'ai le plaisir de
vous annoncer l'apparition de trois ou quatre chênes, d'au moins un
nouveau tilleul, et l'inventaire botanique n'est pas terminé.
Les orties, quant à
elles, prospèrent, notamment dans les zones riches en azote
(potentiellement humain). Accompagnées de plantain, ceci ne pose de
problème qu'aux promeneurs ne connaissant pas les vertus de cette
dernière plante. Mais c'est une propriété privée, donc il n'y a
pas de promeneur. Et puis c'est bon pour faire la soupe.
A ma prochaine visite, je
compte bien continuer de débroussailler ce qui doit l'être, et
planter les essences suivantes, pour enrichir le biotope et gêner
les rongeurs : Angélique, sauge, menthe, laurier. J'aurai bien mis
de l'eucalyptus mais ce n'est pas une plante locale. Vous pouvez
vérifier : ce sont toutes des répulsifs à murinae. Étant donné
l'invasion signalée, je ne peux que conseiller de telles plantations
dans tout le hameau, au moins pour protéger les potagers.
Tilleul. Photographie trouvée sur facebook |
Un de mes arbres,
spécifique, a retenu votre attention : Le tilleul commun plus que
centenaire proche
du pignon est de ma maison. Cet arbre a son port
"en tour" depuis fort longtemps, feu madame Hurel m'en
ayant parlé comme de l'arbre à l'ombre duquel elle se tenait en
étant enfant, soit avant la première guerre mondiale. Il est aussi
photographié, comme remarquable. Son espérance vie actuelle est
d'au moins deux cent ans, sauf accident lié à une taille maladroite
(il résiste bien aux tempêtes, puisqu'il est toujours là).Tilleul et pignon est |
J'ai eu l'occasion, lors
ma dernière visite, de discuter avec les voisins concernés par cet
arbre. En dehors d'un traumatisme psychologique lié aux intempéries
des vingt dernières années cet arbre ne pause pas de problème
objectif : ses branches les plus proches de ma maison sont à plus
d'un mètre (et cela me regarde), son tronc est à plus de cinq mètre
de la plus proche clôture, il ne déborde pas ch
ez les voisins. de
plus, son port en tour est suffisamment exceptionnel, pour un
tilleul, pour que je le fasse classer comme arbre remarquable (donc
protégé).
J'ai néanmoins, suite à
votre injonction, pris contact avec des élagueurs. Sans prendre en
compte une proposition locale qui "pour 500 € en espèces, me
nettoie tout le problème". Après conseil pris auprès de
professionnels, jeunes et plus expérimentés, il ressort que :
- Ce n'est absolument pas le bon moment pour tailler cet arbre : il est en pleine fructification, donc sa sève est dans sa ramure, ce serait prendre le risque de le tuer. Or nous parlons de taille, pas d'abattage.
- Il ne sera pas souhaitable de le rabattre par une taille sévère, étant donné sa structure (hauteur du tronc à peu près égale au tiers de la hauteur de l'arbre).
- Il est possible de lui faire subir une taille de forme, en conservant son port. Une telle taille, à faire lorsque l'arbre n'est pas en sève et hors période de gel, pourra être envisagée début décembre ou en février prochain.
Les autres arbres anciens
sont morts, abîmés de manière irrémédiable par la tempête de
1999 (saule, cerisier, prunier et pommier). Je ne les ai pas
remplacé. Je constate d'ailleurs que mes voisins ont fait de même :
il n'y a plus chez eux que de la pelouse ou du potager.
Cèdre de l'Atlas |
Le cèdre de l'Atlas n'a
pas encore retenu votre attention, en effet il n'a qu'une trentaine
d'années. Planté à dix mètres de la limite de propriété, il
atteint maintenant les quinze mètres de haut mais son port en fuseau
semble moins inquiétant. Pour information il devrait se stabiliser
vers trente à quarante mètres de haut, en port tabulaire, et vivre
un millier d'années. Nous en reparlerons plus tard.
Le catalpa commun aura
bientôt atteint sa taille adulte d'une quinzaine de mètres. Il n'a
que cinquante ans et grandit très lentement.
Le noyer a moins de trente
ans, il évolue à sa vitesse en remplacement du très vieil arbre
mort dans les années 1980.
Les autres arbre ne
devraient pas poser de problème : thuyas en fin de vie, cognacier,
poirier, prunier, cerisier, pommiers, poirier sont des arbres à port
modéré et à durée de vie limité.
Faune
Couleuvre coronelle |
a établi ses quartiers dans mon jardin. Elle est belle, grande (environ 80 cm) doit donc avoir maintenant une dizaine d'années, semble être une femelle, se nourrie essentiellement de batracien, d'orvets, et de rongeurs au nid. Elle participe donc à l'écologie locale, en éliminant les petits rongeurs, au même titre que le faucon crécerelle du pignon est et que la chouette chevêche (espèce protégée) du pignon ouest de ma maison. Je n'ai pas trouvé trace de fouine ou autre et je le regrette, mais avec le temps je ne désespère pas (il manque un prédateur spécialisé).
Les insectivores, qui permettent notamment à mes voisins de ne point souffrir de trop de moustiques, sont, comme depuis des décennies, les carpes du bassin, les hirondelles de fenêtre de l'atelier, les chauve-souris pipistrelles (espèce protégée) hébergées dans la cave, ainsi que les hérissons de la grange.
Je regrette qu'il n'y ai pas plus de chat, mais ce prédateur généraliste risquerait de modifier l'équilibre actuel. Cela dit le lieu est suffisamment paisible pour que les vieux matous choisissent d'y mourir.
Des abeilles et autres butineurs se sont installés. Comme il n'y a pas de produit toxique pour elles, j'ai bon espoir qu'elles produisent un miel "toutes fleurs" tout à fait intéressant. J’espère pouvoir accueillir bientôt des ruches, qui participeront à la pollinisation des plantes présentes. Accessoirement elles feront fuir les indésirables.
Les chevreuils, lapins, lièvres, grives et faisans ne sont présents dans le potager que durant la période de chasse : je les considère donc comme de simples invités, non des résidents.
Produits phytosanitaires et autres chimiques
Il y a au moins soixante
ans que ce terrain n'a pas bénéficié de tels apports de manière
volontaire. Il est possible (certain) que des traitements aient été
apporté par le vent, en provenance des champs (à l'ouest) ou des
voisins (au sud, sud est ou nord). C'est dommage mais n'est point de
mon fait ni de ma volonté. Mon indicateur de pollution (ou d'absence
de pollution) est la présence de lichens crustacés sur le bord de
ma citerne à eaux pluviales : ces organismes extrêmement résistants
aux conditions extrêmes sont très sensibles à toute forme de
pollution..
Je n'ai jamais utilisé de
poison, et regretterai qu'ils soient utilisés, en effet les
prédateurs présents, étant au sommet de la chaîne alimentaire,
risqueraient fort d'en faire les frais. Le piégeage ou la trappe me
semblent préférables.
De ce fait une agriculture
bio et respectueuse de l'environnement est possible, de type
permaculture.
Évolution
A très court terme (avant
12/2017), le débroussaillage, respectueux de l'écologie du lieu et
de mon projet de jardin sauvage, sera terminé; l'élagage ou
l’abattage des arbres le nécessitant vraiment sera fait. Deux ou
trois ruches devraient être installées.
J'ai bien compris que
cette parcelle, inhabitée, peut gêner certains du fait de son
inhabitation. Aussi, n'envisageant pas personnellement de m'y
installer à demeure, je songe à la prêter d'ici 2018, soit à un
collectif d'artistes, soit, selon ce que la communauté soutien, à
un hébergement d'urgence de réfugiés. Merci de me tenir au courant
de ce que la mairie soutient (pas la peine de faire un recommandé,
un e-mail suffit).
A moyen terme, 2020, je
souhaite que le lieu reste un biotope le plus sauvage possible,
éventuellement exploité en permaculture.
A long terme, après 2022,
si un aéroport est installé dans la zone de Chartres, il est
évident que l'évolution de la valeur foncière du bien me permettra
d'envisager autre chose. Ou pas.
Veuillez recevoir,
monsieur le maire, l'assurance de mon plus profond respect.
François Van Zon
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